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Dieu au-delà de l’impression de Dieu

Toutes les visions ou apparitions sont communes aux bons et aux méchants, et il ne faut pas estimer une personne plus sainte ou plus parfaite qu’une autre, de ce qu’il apparaît des esprits à l’une et qu’il n’en apparaît point à l’autre ; car on ne doit estimer plus saint que les autres que celui qui s’efforce de s’attacher à Dieu par un véritable amour après avoir fait un fondement solide et profond d’humilité, pour lui plaire, et non pour obtenir des visions. Et quand on est humble, on rejette plutôt humblement ces visions, ou l’on ne les reçoit qu’avec crainte quand Dieu les envoie, parce que l’on sait qu’il y a beaucoup de péril, qu’il s’y trouve peu d’utilité, et qu’elles ouvrent l’entrée à Satan pour nous inquiéter par diverses tromperies et diverses illusions.
Nous marchons plus sûrement par la foi, dont la lumière est au-dessus de toutes les visions et de toutes les révélations des choses secrètes et cachées. Car il est difficile de n’être point enflé par les visions, il est encore plus difficile de ne s’en point croire digne quand on les reçoit, et il est très difficile de témoigner que l’on s’en estime indigne, et de préférer la patience, l’abjection, et l’obéissance à la douceur et à la satisfaction de la curiosité qui se rencontre dans ces visions.
Il est donc extrêmement sûr de ne croire pas à tout esprit, mais d’être dans la défiance et la crainte, et d’éprouver si les esprits sont de Dieu (I Jn 4,1), et de ne passer jamais les bornes qu’il a prescrites à la conduite des hommes.

Jean Bona (1609-1674), Traité du Discernement des esprits, ch. XIX et XX

Toutes les visions ou apparitions sont communes aux bons et aux méchants. Et si les saints canonisés sont souvent des visionnaires, ils ne sont pas forcément plus saints que les autres, mais simplement plus éclairés et plus éclairants ; et c’est pour cela que l’Église les canonise. Mais s’ils nous aident à mieux comprendre la parole de Dieu, c’est bien cette parole qui doit nous guider, et non leurs visions comme telles : pour eux comme pour nous, il s’agit de grandir dans la foi, non pas de nous passer de la foi.
Ce qui est vrai des saints canonisés l’est de tout chrétien : c’est encore Dieu qui se donne à « sentir », au sens expliqué hier, lorsque nous sommes émus par une homélie qui nous aura frappés, ou une œuvre d’art qui nous transporte par sa beauté, ou tout simplement par le grandiose spectacle de la nature. Tout cela nous parle de Dieu, mais si nous voulons entendre Dieu nous parler, il nous faut entrer dans la foi et remonter à la source de toute beauté, au-dessus de toutes les visions et de toutes les révélations des choses secrètes et cachées. Et cette source, c’est Dieu lui-même qui nous parle dans l’Écriture et la Tradition dont l’Église est gardienne et interprète authentique, de par la volonté même de Jésus.

Bona (Jean, 1609-1674)
Piémontais, Bona entre à 15 ans chez les Feuillants, branche particulièrement austère des Cisterciens. Élu abbé de son monastère, puis général des Feuillants d’Italie, il sera cardinal en 1669, et mourra à Rome en odeur de sainteté après avoir été un conseiller très écouté des papes. Homme d’étude, d’ascèse et de prière, son immense érudition lui fit publier de nombreux ouvrages dans les domaines de la liturgie et de la spiritualité.