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« Que ta volonté soit faite ! »

À coup sûr, ce que Dieu exige de nous par-dessus toutes choses, c’est que nous lui offrions sans réserve notre volonté et que nous le laissions faire tout ce qu’Il veut. Voilà le moyen d’avoir la paix en tout. En dehors de là, tout ce que nous disons à Dieu, ou tout ce que Dieu nous dit, ne nous sert que peu ou point. Il faut en arriver à la maxime de l’Apôtre : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? (Ac 9) ». Alors, le Seigneur saura ce qu’il a à faire. Et cette attitude lui plaît bien mieux que si nous accomplissions des merveilles par notre volonté propre, ou que si nous lui disions que nous sommes disposés à en faire par amour pour lui.

Tant que l’homme n’a pas renoncé à sa volonté propre, il peut en être sûr, ses progrès, au point de vue de la perfection, seront nuls devant Dieu, bien qu’il puisse choisir ce qu’il préfère et se maintenir en état de grâce pourvu qu’il mette Dieu au-dessus de tout. Mais quand il est parvenu à ce point de se renoncer totalement lui-même et de s’offrir à Dieu sans réserve, prêt à tout subir, à tout souffrir pour Lui, au-dedans et au-dehors, alors seulement et pas auparavant il commence à entrer dans le droit chemin.

Hélas ! Qu’ils sont rares aujourd’hui ceux qui ont mis complètement leur volonté à la merci de la volonté divine ! Il n’y a presque plus personne, quoi qu’on en dise, qui veuille mourir à fond. La plupart choisissent telle ou telle manière de vivre ou désirent ceci ou cela. Tout ce qu’ils font procède, en réalité, le plus souvent de leur volonté propre. Celui au contraire qui, dans un abandon total, a remis à Dieu sa volonté pour l’y fixer à jamais, reçoit de grand coeur tout ce qu’il plaira à Dieu de lui envoyer ou de faire de lui, soit pour le temps soit pour l’éternité : en tout il conforme sa volonté au bon plaisir divin.

 

Jean Tauler (1300-1361),
Institutions, ch. 18, trad. Pierre Noël

 

 Offrir à Dieu sans réserve notre volonté : toute prière se résout dans cette demande du Notre Père : « Que ta volonté soit faite ! » Et cela ne doit pas nous faire peur : Dieu n’est pas un bourreau. En nous créant, il s’est obligé à nous fournir lui-même tout ce qu’il nous faudrait pour être heureux. Ou alors, cessons de l’appeler « notre Père » !

Sous couvert de bonne volonté, la tentation est forte de fabriquer nous-mêmes notre bonheur, comme s’il y avait un autre bonheur que d’être fils de Dieu, c’est-à-dire de tout recevoir de la main de notre Père. Peut-être avons-nous des raisons de nous tracasser : souci de santé, différent familial, inquiétude dans notre travail, etc. ; essayons de voir la différence entre les solutions « humaines » qui pourraient résoudre la situation, et la solution « divine » qui, sans négliger un traitement raisonnable, cherche plus fondamentalement à vivre la situation dans l’intention de Dieu : à travers l’épreuve, il nous propose de grandir dans la confiance en lui, dans la pauvreté spirituelle, le pardon des offenses, etc. Et là où la solution humaine ne fait que calmer momentanément notre inquiétude, la solution divine nous donne le moyen d’avoir la paix en tout.

Ils sont rares aujourd’hui, ceux qui ont fait ce choix, se lamentait Tauler au XIVe siècle. À vrai dire, il y a plus de vingt siècles qu’ils sont rares, mais ce choix est pourtant offert à tous, il est gratuit et bienheureux. Tel est le venin du péché originel : ne pas croire en notre bonheur, ne pas croire que Dieu soit notre Père.

Tauler (bienheureux Jean, 1300?-1361)
Né et mort à Strasbourg, prédicateur dominicain,Jean Tauler, avec Maître Eckhart et Suso, est l’un des grands de la mystique rhénane. Par les traductions de la Chartreuse de Cologne, toute la spiritualité nordique des XIIIe et XIVe siècle passera, sous son nom, à l’Espagne de sainte Thérèse et de saint Jean de la Croix.