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Faut-il attendre des consolations dans la prière ?Il est certain que s’il se trouvait un homme assez fidèle à Dieu, assez généreux, pour faire toutes choses sans joie et sans consolations, il rendrait par là même plus de gloire à Dieu, il serait plus utile et plus serviable à son prochain et, en même temps, il s’attirerait à lui-même un mérite plus grand et une récompense meilleure. Plus la foi est pure, simple, nue, plus – et au centuple – elle est noble, louable et méritoire. Non, la vraie perfection ne consiste pas dans les consolations et les révélations. La preuve en est que bien souvent, lorsque la consolation et la dévotion sensible ont quitté et abandonné une âme, cette âme est plus portée au mal, plus remplie de défauts qu’elle n’était auparavant. Comme nous l’avons dit, ces faveurs sont, d’ordinaire, réservées aux commençants, aux jeunes plantes qui ne font que de naître dans le champ de la grâce. Mais ceux qui sont plus avancés dans le bien ne trouvent d’autre consolation, d’autre force, que dans une adhésion ferme et toute simple à la foi nue ; et bien qu’ils ne perçoivent que plus rarement les illuminations divines, ils possèdent maintenant Dieu lui-même d’une manière plus complète. D’où il suit que ceux qui s’appliquent à se mortifier, à se briser courageusement aussi bien dans le bonheur que dans l’adversité, arrivent bien plus vite à une haute perfection, par la vraie soumission à une foi simple, que tous les autres. Jean Tauler (1300-1361), Institutions, ch. 8, trad. Pierre Noël
Dans la ligne du texte d’hier, Tauler (ou du moins l’auteur des Institutions portant son nom) nous ramène à l’essence de la prière : un acte de foi aussi surnaturellement riche que naturellement pauvre, c’est-à-dire sans contrepartie sensible ; plus la foi est pure, simple, nue, plus elle est noble, louable et méritoire. Mais nous ajoutions hier qu’il ne faut pas pour autant viser la prière la plus ennuyeuse possible ! Dieu est un pédagogue, et sait bien qu’un enfant a besoin de tendresse pour grandir en amour ; et nous n’avons pas à nous reprocher cette tendresse dans la prière, mais cela ne doit pas nous empêcher de grandir. Un enfant qui ne veut pas grandir devient capricieux ; et une vie spirituelle qui veut en rester aux sentiments de vie spirituelle ne portera jamais de fruits. Et de même que les charmes des fiançailles s’estompent très normalement, même dans les plus heureux des mariages, l’âme adulte devient d’autant plus insensible à ellemême qu’elle possède maintenant Dieu lui-même d’une manière plus complète. Ne nous trompons pas sur le mot mortification, accompagné ici de l’expression un peu dangereuse briser courageusement : dans la grande tradition à laquelle se rattache Tauler, mortifier n’est pas détruire, mais laisser mourir. Le progrès spirituel est passage de la mort à la vie, est résurrection ; et jamais un maître ne parlera de tuer la nature, mais simplement de la dépasser, comme si elle était morte, pour que la vie nouvelle et surnaturelle reçue au baptême puisse s’épanouir. Tauler (bienheureux Jean, 1300?-1361)
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