Dimanche 28 avril 2024

Bienheureuse Maria Felicia Guggiari Echeverría

Carmélite paraguayenne (+ 1959)

Vraies et fausses richesses

Les saints se sont dégagés de tout, et c'est ce qui les a conduits rapidement à la contemplation, à l'union divine et à la profonde paix qu'elles opèrent ; et nous, nous sommes privés de ces grands biens parce que nous tenons encore à la terre, et cela, non par l'empire du monde ou par quelque autre chose de fort grand, si toutefois il est quelque chose de grand dans le monde, mais peut-être, ô misère, ô honte du cœur humain ! par des attachements méprisables, que nous n'avons ni le courage de rompre, ni l'humilité de nous avouer.

Quelle source de regrets pour une âme à l'heure de la mort, de voir que pour n'avoir pas voulu se défaire de quelques amusements et de quelques bagatelles, elle a perdu la sainteté, le parfait amour de Dieu, et un poids immense de gloire pour toute l'éternité ! De plus, elle n'a fait que languir et souffrir beaucoup toute sa vie, dans cet état partagé entre Dieu et la créature.

Détachez-vous donc de toutes les choses sensibles, de vos biens, de vos emplois, de votre rang, de tout ce qui vous environne ; renoncez aux plaisirs, privez-vous des commodités autant que votre état peut le permettre ; ne satisfaites à la nécessité qu'avec discernement, ne prenez de toutes les choses créées que le vrai besoin, et pour ainsi dire, n'y touchez que légèrement et en passant. Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous-même : que pouvez-vous souhaiter de plus ? Si vous en bannissez tous les usurpateurs, Dieu régnera tranquillement en vous, et vous jouirez en lui d'une paix profonde.

Ambroise de Lombez (1708-1778), Traité de la paix intérieure

MÉDITER :

La pauvreté en esprit ne se mesure pas au montant de notre compte en banque, mais à la liberté que nous avons par rapport à lui : Les saints se sont dégagés de tout. Et au-delà du compte en banque, ce sont vos biens, vos emplois, votre rang, etc. qui sont concernés : il est difficile au riche d’entrer dans le Royaume de Dieu, nous dit Jésus, parce que toute richesse porte avec elle la tentation de devenir une idole.

Ne prenez de toutes les choses créées que le vrai besoin… Voilà la sagesse humaine et chrétienne, hors de laquelle nous devenons esclaves de nos envies. Cette sagesse n’est pas facultative : elle est une condition absolue pour suivre le Christ.

Pourquoi cette condition ? Parce qu’on ne peut pas servir deux maîtres à la fois, nous dit encore l’Évangile. Et parce qu’en amour, on ne partage pas : Jésus veut tout, parce qu’il nous donne tout.

L´Auteur :

Né en 1708 dans une noble famille du Gers, alors que la petite ville de Lombez était le siège d’un évêché, Jean de La Peyrie entre chez les capucins à l’âge de 16 ans, et y reçoit le nom de Frère Ambroise. Son intelligence, son érudition et sa vie intérieure le feront remarquer comme professeur et surtout comme confesseur, à Saint-Sever dans les Landes, puis à Bagnères, Auch et Luz dans les Pyrénées. Les capucins sont alors près de 35 000 en France, répartis en plus de 1 700 couvents. Appelé à Paris, Frère Ambroise y fait œuvre de réformateur de sa congrégation et devient confesseur de la reine. Son habileté permettra aux capucins d’échapper aux suppressions de la plupart des maisons religieuses à la fin de l’Ancien Régime. Il mourra en 1778 au cours d’une cure thermale dans ses Pyrénées natales.

L’ouvrage le plus connu d’Ambroise, son Traité de la paix intérieure, paru en 1756, connut un succès prodigieux, et le fit surnommer : le saint François de Sales du XVIIIe siècle.