![]() |
|
|
|
Samedi 13 décembre 2025 Sainte Lucie Un Dieu qui ne se laisse pas voir La prière de ce jour : Que l'intercession de sainte Lucie ranime notre ferveur ! « Dieu, nul ne l’a jamais vu ! » Nous voilà prévenus dès la première page de l’Évangile ! Il serait tellement plus simple que le Bon Dieu se montre une bonne fois pour toutes, à la télévision ou sur Internet ! Pourquoi la foi, plutôt que la vision de Dieu ? Parce que croire en quelqu’un, c’est ne faire qu’un avec lui, c’est transférer en lui notre façon de voir et de vouloir, bref, c’est être nous-même en lui, c’est l’aimer. Tandis que voir suppose une distance, une séparation, au mieux, une amitié bienveillante, mais pas cette unité dont nous portons le désir en notre cœur. Dès lors, il nous faut réapprendre cette vie commune avec Dieu que le péché avait rompue, sans s’inquiéter de ce vide que nous ressentons si souvent dans la prière, mais qui n’est en réalité que la transparence de sa présence : Le Bon Dieu vous ayant donné le désir d’être toute à Lui, ne vous étonnez pas si vous vous voyez fort obscure, incertaine, et sans avoir rien de Dieu qui vous console et qui vous donne des marques qu’il vous aime et que vous l’aimez : tout cela doit être reçu et non désiré et, si l’âme n’a rien et qu’il paraisse absolument qu’elle sert Dieu à ses dépens et sans consolation, tant mieux, car cela est plus avantageux pour rencontrer plus promptement Dieu. Très concrètement, Il faut faire avec fidélité ce que Sa bonté désire de vous, soit pour votre oraison, soit pour la présence de Dieu dans la journée et la pratique des vertus dans l’état où il vous a mise : tout cela se doit pratiquer et exécuter sans rien attendre en fait de lumières ou de goûts ; car agir de cette manière, c’est quitter une chose sainte pour le Dieu de la sainteté. Ne rêvons pas d’extases ou d’apparitions : c’est au cœur de la vie la plus quotidienne, plus souvent à Nazareth qu’au mont Thabor, que Dieu vient à notre rencontre : Jamais une âme n’arrive à la divine source d’eau vive que par la fidèle pratique de son état et condition, ce qui insensiblement surnaturalise tout en elle et rend tout ce qu’elle fait comme une eau qui coule d’un rocher. L’âme ne peut comprendre comment une vie si stérile de ferveurs et si dépourvue de grandes actions, et avec une dureté qui tient de l’insensibilité du rocher, peut donner une eau si claire et cristalline. Cependant, ce qui n’est pas de cette manière nourrit secrètement la propre volonté, la suffisance et l’orgueil, et ainsi tarit peu à peu la grâce, quoiqu’il paraisse que l’on soit animé de ferveur et de zèle ; et tout au contraire, la mort causée et opérée par le mystère caché de notre condition, en nous étranglant cruellement et impitoyablement par la perte de tout ce que nous voulons et désirons, insinue en nous la grâce et nous fait participants d’une secrète vie divine que l’âme ne peut presque jamais découvrir en elle. Jacques Bertot, Lettre à Madame Guyon
L´Auteur : Bertot (Jacques, 1620-1681) Né à Coutances, prêtre lié au cercle mystique de Jean de Bernières-Louvigny, Bertot fut l’un des très grands directeurs spirituels du XVIIe siècle, en Normandie puis à Paris auprès des bénédictines de Montmartre et du cercle de Madame Guyon. ![]() |