Dimanche 9 novembre 2025

Dédicace de la Basilique du Latran

Basilique saint Jean de Latran, à Rome

Ambassadeurs et intendants

Vous n’êtes possesseur de vos biens, dès que vous êtes chrétien, que pour en être le dispensateur : donnez peu si vous avez peu, mais donnez beaucoup si vous avez beaucoup. Car quel plus grand patrimoine un père peut-il laisser à ses enfants, que la perfection de Jésus-Christ qu’il a secouru en secourant le nécessiteux qui a eu recours à son assistance ?

Heureux qui comprend ce mystère ! C’est un secret inconnu à l’esprit terrestre du monde, qui ne sait pas l’avantage qu’il y a de voir le besoin du nécessiteux par le motif sincère de la charité chrétienne. Heureux, dis-je, celui qui l’entend ! Il ne se rebute point de ce dehors ignominieux, ni de l’état misérable du pauvre, parce qu’il voit Jésus-Christ caché sous cette basse physionomie et sous ces haillons. Il ne regarde point la pauvreté de ses habits : il considère le prix de son âme ; ce corps couvert d’ulcères sous des vêtements déchirés ne lui paraît point indigne de son assistance, parce qu’il est regardé favorablement du ciel dès qu’il est un véritable pauvre : ainsi il le reçoit comme ambassadeur envoyé de la part de Dieu pour traiter de paix avec lui, et pour entrer en négociation de l’affaire de son salut. Voilà ce que le chrétien doit comprendre quand il voit le pauvre.

René Rapin (1620-1687), L’Esprit du Christianisme, ch. VIII

MÉDITATION

Les pauvres sont des ambassadeurs du Christ. Les riches sont ses intendants. Normalement, ils sont faits pour s’entendre. N’ayons pas peur des pauvres, ils nous apportent le Christ, au moment où nous leur apportons ce que le Christ nous a donné.

«C’est à moi que vous l’avez fait», dira Jésus à ceux qui l’auront servi dans les pauvres. Alors, nous n’en ferons jamais assez pour eux, pour Lui. N’évitons pas de donner, ne nous débarrassons pas du pauvre par un geste vite oublié : investissons dans les pauvres.

Un budget chrétien prévoit généreusement la part du pauvre : ce n’est pas un luxe, mais un devoir de justice et une obligation d’amour.

L´Auteur :

Rapin (René, 1620-1687)

Fils d’un apothicaire de Tours, Rapin y étudie au tout nouveau collège des jésuites, avant d’entrer à son tour dans la Compagnie à 19 ans. Professeur de lettres renommé, il enseigne à Paris les trente dernières années de sa vie, y nouant de solides amitiés avec l’élite de la politique, de la religion et de la culture françaises à leur apogée.