Mardi 25 novembre 2025

Sainte Catherine d'Alexandrie

Vous avez trouvé le Christ en vous

Vous avez, ma sœur, « trouvé » le Christ vivant. Vous le saviez jusqu'ici, vous vous le disiez, ce Christ, avec les paroles de la mystique et de la théologie, vous l'admiriez, vous le désiriez. Vous ne l'aviez pas trouvé : vous n'aviez pas découvert que ce Christ, il était non pas en-dehors de vous mais il était en vous, il était vous, et vous n'étiez quelque chose que par Lui. Ou si vous saviez que le Christ était en vous, vous le saviez avec le cerveau, avec les livres, vous ne « réalisiez » pas cette présence du Christ en vous. Maintenant vous « réalisez » cette présence. Vous savez que le Christ n'est pas plutôt dans telle occupation que dans telle autre : qu'il n'est pas plus dans la prière que dans l'action. Il est là où nous a placés sa divine volonté : c'est là que nous le trouvons, c'est là qu'il se donne à nous. Il se donne à nous non pas toujours en ce qui nous plaît, non pas même toujours en ce qui nous paraît le plus grand. Mais l'important, le tout de notre vie est de trouver le Christ. Et vous savez le trouver là où il est pour vous... dans votre devoir quotidien, aussi bruyant soit-il, aussi évaporant soit-il. Par le fait que vous allez à ce devoir, par le fait que vous y restez, le Christ est à vous, il est en vous, il est toujours plus en vous.

Puis ce Christ qui est en vous, sachez qu'il veut être dans les âmes dont vous vous occupez. Il n'y a pas votre Christ à vous et le Christ des autres : c'est un même Christ qui veut grandir, qui veut s'épanouir, qui ne veut pas être refoulé. Et ce Christ, auriez-vous beau lui avoir livré votre âme jusqu'au bout, si à côté de vous une âme se refuse à Lui, ce Christ, qui est en vous, est malheureux, il est comme mutilé : il vous supplie de le faire s'épanouir. Voyez-vous toute cette mystique de l'apostolat qui prend elle aussi les choses de dedans. Tant que le Christ est refusé par une âme, vous devez sentir le Christ malheureux en vous, inachevé en vous. Si vous lui livrez une âme, vous devez sentir que le Christ qui est en vous est plus complètement lui-même en vous, par le fait que par vous il est plus complètement lui-même en les autres. Ceci est la magnifique doctrine de saint Paul.

Albert Peyriguère, Laissez-vous saisir par le Christ, lettre du 11 août 1932

L´Auteur :

Albert Peyriguère (1883-1959)

Prêtre de Bordeaux et professeur au petit séminaire, il découvre durant sa convalescence après une blessure de guerre les écrits de Charles de Foucauld. Devenu ermite à El Kbab, dans le Moyen-Atlas au Maroc, il y sert les pauvres sans relâche, tout en approfondissant la doctrine de son maître spirituel, et en faisant comme lui œuvre d’ethnologue. Il fut aussi un grand directeur spirituel, ce dont témoigne sa correspondance.