Dimanche 14 décembre 2025

Troisième dimanche de l’Avent

Vers la joie de Noël

La prière de ce jour :

Seigneur, dirige notre joie vers la joie d'un si grand mystère !

Au jour de Noël, on se sent incapable d’être méchant, et le plus païen des païens vous souhaitera encore un joyeux Noël ! Il y a là en nous comme un instinct surnaturel : nous sommes faits pour la joie, pas pour la tristesse ; nous sommes faits pour Bethléem, pas pour le Calvaire :

La joie est la première en date dans la vie de Jésus, la première occupante de son âme et le fond même de son état de Dieu incarné. Elle est le support de tout le reste de ses états humains, et elle en est aussi la conclusion. La douleur même qui, dans le mystère du Christ, a une part si considérable qu’elle paraît infinie à tout œil qui n’est pas celui de Dieu, la douleur y est mise au service de la joie. La douleur n’est d’ailleurs et ne peut jamais être qu’un fait secondaire et relatif, elle n’est pas de soi un fait divin.

Jésus n’était pas sévère ; ce sont les mauvais livres qui en font un professeur de morale, et l’on n’ose plus le représenter souriant sur la croix. Quelle erreur !

Pour peu qu’on réfléchisse, on comprend pourquoi la joie est, naturellement et nécessairement, dans l’âme à jamais bénie de Jésus, quelque chose de primordial, de fondamental et d’immuable : la joie est le repos et l’épanouissement de l’être dans la vérité, l’amour et l’harmonie. Tel est l’état de Dieu, son état essentiel. Tel est aussi l’état originel et radical de toutes ses créatures.

Charles Gay, 9e élévation sur la vie et la doctrine de NSJC

« Dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère ! » nous fait demander la liturgie d’aujourd’hui. Car toute joie vraie est quelque chose de Noël : créés à l’image de Dieu, nous sommes faits pour la joie de Dieu, « son état essentiel ». Si bien que

L’âme abandonnée à la volonté divine aura par expérience trouvé Dieu, la lumière, la joie et la vie, non pas là où on les recherche ordinairement, à savoir en nous-mêmes et en notre volonté propre, mais là où ordinairement on ne les cherche point, à savoir en renonçant à nous-mêmes, à notre contentement, à notre joie et notre lumière propres, négligeant et comme oubliant tout cela, par l’actuelle souvenance et la grande joie reçue de la volonté de Dieu et de son bon plaisir.

En effet, la cause pour laquelle nous ne pouvons renoncer si absolument à nous-mêmes pour la volonté de Dieu, n’est autre que celle-ci : nous pensons que nous perdrions ce que nous désirons et notre propre contentement. Mais une fois que l’âme a trouvé le contraire par expérience, et que par le renoncement et même l’oubli de sa volonté et de sa joie pour le divin vouloir, sa volonté et sa joie n’en ont pas été anéanties ni mortes, mais ont été trouvées en Dieu au centuple selon sa promesse, elle n’est plus triste et ne sent plus de répugnance à renoncer à elle-même.

Benoît de Canfield, Règle de Perfection

L´Auteur :

Gay (Charles, 1815-1892)

Figure exemplaire du retour à l’Église catholique des grandes familles bourgeoises après la Révolution française, Charles Gay sera évêque auxiliaire de Poitiers aux côtés du cardinal Pie.

Canfield (Benoît de, 1562-1610)

Noble anglais converti au catholicisme à 23 ans, il devient capucin en France, où il sera l’un des grands acteurs du renouveau spirituel parisien autour de 1600.