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Mercredi 10 décembre 2025 Une bonne fatigue ! La prière de ce jour : Ne permets pas que la fatigue nous abatte ! Après dix jours de prière plus intense, nous serons peut-être déçus du résultat ! À mesure que la lumière croît, on se trouve plus corrompu qu'on ne croyait ; on est tout étonné de son aveuglement passé, et on voit sortir du fond de son cœur, comme d'une caverne profonde, une infinité de sentiments honteux, semblables à des reptiles sales et pleins de venin. On n'aurait jamais cru les porter dans son sein, et on a horreur de soi, à mesure qu'on les voit sortir. Il ne faut ni s'étonner ni se décourager. Ce n'est pas que nous soyons plus méchants que nous ne l'étions : au contraire, nous le sommes moins ; mais tandis que nos maux diminuent, la lumière qui nous les montre augmente, et nous sommes saisis d'horreur. L’erreur serait d’en éprouver du découragement ! Mais remarquez, pour votre consolation, que nous n’apercevons nos maux que quand nous commençons à en guérir. Quand nous sommes privés de tout principe de guérison, nous ne sentons point le fond de notre mal : c’est l’état d’aveuglement, de présomption et d’insensibilité, où l’on est livré à soi-même. En se laissant aller au torrent, on n’en sent point la rapidité ; mais elle commence à se faire sentir à mesure qu’on commence à se raidir plus ou moins contre elle. Fénelon, lettre 208 C’est encore le vieil homme, le grand-père Adam, qui voudrait prendre son bonheur en main, et le tentateur le sait, qui cherche à nous convaincre que la sainteté est une réussite humaine. Heureusement, Dieu veille : On n’est point toujours en ferveur ; Dieu ne permet pas qu’elle soit continuelle : il est bon de sentir par des inégalités que c’est un don de Dieu, qu’il donne et qu’il retire comme il lui plaît. Si nous étions sans cesse en ferveur nous ne sentirions ni les croix ni notre faiblesse ; les tentations ne seraient plus des tentations réelles. Il faut que nous soyons éprouvés par la révolte intérieure de notre nature corrompue, et que notre amour se purifie par nos dégoûts. Nous ne tenons jamais tant à Dieu que quand nous n’y tenons plus par le plaisir sensible, et que nous demeurons fidèles par une volonté toute nue, étant attachés sur la croix. Les peines du dehors ne seraient point de vraies peines si nous étions exempts de celles du dedans. Souffrez donc en patience vos dégoûts, et ils vous seront plus utiles qu’un goût accompagné de confiance en votre état. Le dégoût souffert par une volonté fidèle est une bonne pénitence. Il humilie, il met en défiance de soi, il fait sentir combien on est fragile, il fait recourir plus souvent à Dieu. Voilà de grands profits. Idem, lettre 179
L´Auteur : Fénelon (François de la Mothe, 1651-1715) De vieille noblesse périgourdine, familier de l’entourage de Louis XIV, Fénelon devient précepteur de l’héritier du trône, le duc de Bourgogne. Archevêque de Cambrai en 1695, en semi-disgrâce après les condamnations du quiétisme, il se révélera homme de Dieu et pasteur ![]() |