Lundi 24 novembre 2025

Saint André Dung-Lac et ses compagnons

La réalité du Christ en nous

La présence du Christ en vous, ce n'est pas quelque chose que vous vous donnez par la réflexion pieuse : c'est une réalité qui vous est donnée par Dieu, par la grâce. Oui, vous avez raison, ma sœur, le Christ n'est pas en dehors de vous. Il est en vous, il est plus vous que vous-même. C'est Lui qui vit en vous, c'est Lui qui travaille en vous, c'est Lui qui va aux âmes par vous, c'est Lui qui souffre en vous de ne pouvoir s'appartenir un instant. Il a traversé le lac pour échapper aux foules. Et les foules ont fait le tour du lac en courant et le Christ les a retrouvées sur l'autre bord et de nouveau il a été happé par elles. Creusez cette idée ou plutôt cette réalité, vivez-la à chaque instant. Ne croyez pas que vos jours sont vides de vie intérieure parce qu'ils ont été privés de méditation :: si vous n'avez pas pu faire autrement, que ne pas vous appartenir, le Christ a-t-il été moins en vous, la réalité du Christ a-t-elle été moins en vous ? Votre vie a-t-elle été moins une avec la vie du Christ ? Encore une fois, ce n'est pas vous qui faites venir le Christ en vous, qui le faites vivre en vous par la réflexion pieuse : c'est Lui qui vient en vous, c'est Lui qui vous prend, c'est Lui qui reste en vous.

Je me répète, mais je voudrais tellement trancher le problème douloureux de votre vie spirituelle : je voudrais tellement que la Lumière du Christ le tranche elle-même. M'avez-vous compris ? Non, pas de formule stéréotypée de vie spirituelle. Non, que les moyens ne soient pas mis sur le même pied que la fin. Non, le Christ ne s'est pas laissé imposer par les auteurs spirituels les chemins par lesquels il va aux âmes, à telle âme en particulier. Mais il est incontestable qu'il ne va pas à elles par d'autres moyens que par le devoir d'état et que le Christ est dans le devoir d'état plus que partout ailleurs.

Puis, ma sœur, sachez accepter d'aller au Christ avec tous les aléas de votre faiblesse humaine. N'exigez pas de vous plus que ne peuvent les forces humaines. La présence du Christ, la vie du Christ en vous n'est pas suspendue nécessairement à ce que vous en ayez à chaque instant conscience. Votre activité vous emporte : vous oubliez de vous dire à tel ou tel instant que c'est le Christ qui agit en vous. Ça n'empêche pas que ce soit tout de même le Christ qui agisse en vous, même si vous l'oubliez momentanément.

Albert Peyriguère, Laissez-vous saisir par le Christ, lettre du 4 octobre

L´Auteur :

Albert Peyriguère (1883-1959)

Prêtre de Bordeaux et professeur au petit séminaire, il découvre durant sa convalescence après une blessure de guerre les écrits de Charles de Foucauld. Devenu ermite à El Kbab, dans le Moyen-Atlas au Maroc, il y sert les pauvres sans relâche, tout en approfondissant la doctrine de son maître spirituel, et en faisant comme lui œuvre d’ethnologue. Il fut aussi un grand directeur spirituel, ce dont témoigne sa correspondance.