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Samedi 6 décembre 2025 Reprendre notre liberté La prière de ce jour : Accorde-nous, Seigneur, d'être vraiment libres pour t'aimer ! L’amour ne s’impose-t-il pas comme une sorte de fatalité ? On « tombe » amoureux, on ne le fait pas exprès ! Dès lors, pourquoi demander au Seigneur d’être libre pour l’aimer ? De tous ceux qui servent Dieu, ceux-là sont les plus libres, et même les seuls vraiment libres, qui se laissent conduire en tout par l’esprit de Dieu. Les mondains, qui vivent au gré de leurs désirs, qui ne se gênent sur rien, paraissent libres, et ne le sont pas. Ils deviennent bientôt esclaves de leurs passions, qui les tyrannisent avec la dernière violence. C’est une vérité à laquelle ils sont forcés eux-mêmes de rendre hommage : et quand ils ne l’avoueraient pas, leur conduite le dit assez ; car il n’est point d’homme livré à ses passions qu’elles ne mènent beaucoup plus loin qu’il ne veut, qu’elles ne tiennent comme enchaîné, et qu’elles ne forcent en quelque sorte à faire ce qu’il condamne : tel est l’empire d’une malheureuse habitude. Un exemple : l’addiction à Internet ! Nous nous étions juré de ne pas cliquer sur les publicités, et puis… Ne disons pas que cela n’arrive qu’aux autres ! La plupart de ceux qui sont sincèrement chrétiens, mais faibles et lâches dans la pratique de leur devoir, ne sont pas libres non plus. Les occasions les entraînent ; ils cèdent à la moindre tentation ; le respect humain les subjugue ; ils veulent le bien, et mille obstacles les en détournent ; ils détestent le péché, et ils n’ont pas la force de s’en éloigner. Or, ce n’est pas être libre, que de ne pas faire le bien qu’on aime, et de faire le mal qu’on n’aime pas. Mais alors, comment reprendre notre liberté ? Demander à Dieu que sa volonté soit faite, tel sera le premier pas de notre liberté retrouvée : Il faut que l’homme prie Dieu de le diriger lui-même dans le choix de ses actions, qu’il écoute au dedans de lui la voix de la grâce ; qu’il la suive et qu’il s’y abandonne. Par ce moyen il veut ce que Dieu veut ; il fait ce que Dieu lui inspire de faire ; il se garantit de tout mauvais usage de sa liberté ; il s’élève, autant qu’il dépend de lui, à la perfection de la liberté divine ; la liberté de Dieu devient en quelque sorte la sienne, puisqu’il n’agit plus par son propre mouvement, mais par l’impression de la volonté de Dieu. Il est donc, par son assujettissement à Dieu, aussi parfaitement libre qu’il puisse être. Alors on se sent vraiment indépendant de tout ce qui n’est pas Dieu, et l’on jouit délicieusement de la liberté de ses enfants. On a pitié des misérables esclaves du monde ; on se félicite d’être affranchi de leurs chaînes. Qu’est-ce donc qu’être libre, si ce n’est pas là l’être ? Quelle liberté plus grande que cette possession de soi-même, cet empire sur tous les mouvements de l’âme à laquelle il échappe à peine, durant de très courts instants, quelque chose d’indélibéré ! Jean-Nicolas Grou, Manuel des âmes intérieures
L´Auteur : Grou (Jean-Nicolas, 1731-1803) Né à Calais, Jean-Nicolas Grou entre chez les jésuites à 15 ans. Brillant professeur de lettres, sa rencontre avec la visitandine Pélagie Lévêque l’ouvre à la mystique. La Révolution française l’exile en Angleterre à partir de 1792. ![]() |