Vendredi 26 juillet 2024

Saints Anne et Joachim

Mère et père de la Vierge Marie (Ier siècle)

«Mon amour n’a pas été une plaisanterie...»

    Le quatrième jour de la Semaine Sainte, je méditais la mort du Fils de Dieu incarné, et je m’efforçais de chasser toute autre chose de mon esprit, pour que mon âme soit mieux recueillie dans sa passion et sa mort. Et alors que cette réflexion et ce désir m’occupaient, tout d’un coup cette parole divine s’imposa à mon âme : «Mon amour pour toi n’a pas été une plaisanterie !»

    Ces mots me frappèrent d’une douleur mortelle, car les yeux de mon âme s’ouvrirent aussitôt, et j’ai vu à quel point ce qu’ils disent est vrai. Et j’ai vu ce qu’a opéré cet amour, j’ai vu tout ce que ce Fils de Dieu a fait par cet amour, j’ai vu tout ce qu’a supporté dans sa vie et dans sa mort cet Homme-Dieu, passionné de cet amour indicible, de cet amour d’entrailles.

    Et si j’ai vu tout ce qu’a opéré la tendresse infiniment vraie de cet amour, si j’ai compris que ces paroles étaient infiniment vraies en lui, et que ce n’est pas par plaisanterie, mais par une tendresse parfaite et qui lui tenait aux  entrailles qu’il m’a aimée, j’ai vu aussi tout le contraire en moi, car moi je ne l’aime pas vraiment, mais plutôt par plaisanterie. Et voir cela m’était une peine mortelle, une douleur si intolérable, que j’ai cru en mourir.

    «Ô Maître, jamais je ne t’ai aimé, sinon par plaisanterie et mensonge ! Jamais je n’ai voulu t’approcher en vérité pour sentir les douleurs que tu as endurées et ressenties pour moi, jamais je ne t’ai servi autrement que pour faire semblant !»

Sainte Angèle de Foligno (1249-1309), Le Livre, Méditation X

MÉDITER :

    Non, l’amour du Christ pour nous n’a pas été une plaisanterie. L’Histoire se répartit entre «avant» et «après» Jésus-Christ, car cet amour explique tout, et nous invite à le laisser nous aimer jusqu’au bout.

    Oui, face à un tel amour, nous ne pourrons jamais que «faire semblant» d’aimer Jésus. Mais en prendre conscience est déjà un premier pas pour faire un peu moins semblant.

    Célébrer la Passion de Jésus suppose de «revêtir ses sentiments », nous a dit saint Paul. Il y aurait «plaisanterie et mensonge» à se contenter de quelques soupirs. Il s’agit d’«approcher en vérité» le Seigneur, de vouloir ce qu’il veut et de chercher à l’aimer en y mettant tout notre cœur.

L´Auteur :

Angèle de Foligno (Sainte, 1249-1309)

D’une riche famille d’Ombrie, mariée jeune, Angèle mène une vie mondaine jusqu’à sa radicale conversion vers 40 ans, au contact des milieux franciscains. Favorisée de visions et autres phénomènes spectaculaires, elle vivra désormais dans la plus extrême pauvreté et pénitence, suivie par de nombreux disciples.