Mercredi 3 septembre 2025

Saint Grégoire le Grand

Espérance

Mon Dieu, parlez-moi de l’espérance !… Comment de cette pauvre terre pourraient sortir des pensées d’espérance ? Ne faut-il pas qu’elles viennent du ciel ?… Tout ce que nous voyons, tout ce que nous sentons, tout ce que nous sommes, nous prouve notre néant ; comment pouvons-nous savoir que nous sommes créés pour être frères et co-héritiers de Jésus, Vos enfants, si Vous ne nous le dites ?… Mère du Bel Amour, de la Sainte Espérance, priez pour moi votre Fils Jésus, et inspirez-moi ce que je dois penser…

L’espérance d’être un jour au ciel, à Vos pieds, mon Seigneur, en compagnie de la Sainte Vierge et des saints, Vous voyant, Vous aimant, Vous possédant pour l’éternité, sans que jamais rien ne puisse me séparer un seul instant de Vous, mon Bien et mon Tout, quelle vision ! oh ! oui, c’est bien la vision de paix, la vision de paix céleste ! Cette espérance qui nous transporte tellement au-dessus de nous-mêmes, qui est tellement au-dessus de tous nos rêves, non seulement Vous nous permettez de l’avoir, mais Vous nous en faites une obligation ! Pouviez-Vous nous faire un commandement plus doux ! Mon Dieu que Vous êtes bon ! On représente l’espérance par une ancre : oui, quelle ancre solide ! Si mauvais que je sois, si grand pécheur que je sois, je dois espérer que j’irai au ciel, Vous me défendez de désespérer… Si ingrat, si tiède, si lâche que je sois, quelque abus que je fasse de Vos grâces, mon Dieu, Vous me faites un devoir d’espérer vivre éternellement à Vos pieds, dans l’amour et la sainteté !… Vous me défendez de me décourager jamais à la vue de mes misères, de me dire : « Je ne puis plus avancer, le chemin du ciel est trop raide, il faut que je recule et que je roule jusqu’en bas. » Vous me défendez de me dire, à la vue de mes fautes toujours renouvelées, dont je Vous demande chaque jour pardon et dans lesquelles je retombe sans cesse : « Je ne pourrai jamais me corriger ; la sainteté n’est pas faite pour moi ; qu’y a-t-il de commun entre le ciel et moi ?… je suis trop indigne pour y entrer »… Vous me défendez de me dire, à la vue des grâces infinies dont Vous m’avez comblé et de l’indignité de ma vie présente : « J’ai abusé de trop de grâces ; je devrais être un saint et je suis un pécheur ; je ne puis pas me corriger, c’est trop difficile ; je ne suis que misère et orgueil ; après tout ce que Dieu fait, il n’y a rien de bon en moi : jamais je n’irai au Ciel. » Vous voulez que j’espère, malgré tout, que j’espère toujours avoir assez de grâces pour me convertir et parvenir à la gloire… Le ciel et moi, cette perfection et ma misère, qu’y a-t-il de commun entre eux ? Il y a Votre Cœur, mon Seigneur Jésus, Votre Cœur qui fait la liaison de ces deux choses si dissemblables… l’amour du Père qui a tant aimé le monde qu’Il lui a donné son Fils unique… Je dois toujours espérer parce que Vous me l’ordonnez et parce que je dois toujours croire en Votre amour que Vous m’avez tant promis et en Votre puissance… Oui, en considérant ce que Vous avez fait pour moi, je dois avoir une telle confiance en Votre amour, que quelque ingrat et indigne que je me sente, j’espère toujours en lui, je compte toujours sur lui, je suis toujours convaincu que Vous êtes prêt à me recevoir comme le père de l’enfant prodigue, et plus même ; que Vous ne cessez de m’appeler, de m’inviter et de me donner les moyens de venir à Vos pieds…

Ecrits spirituels de Charles de Foucauld, Retraite à Nazareth

L´Auteur :

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

Né à Strasbourg, orphelin très tôt, Charles de Foucauld connut une jeunesse agitée, entre la vie militaire et l’exploration du Maghreb. Converti à 28 ans, il entre à la Trappe, avant de recevoir le sacerdoce, qu’il vivra comme ermite au Sahara, seul chrétien au milieu des Touaregs, dont il étudie en spécialiste la langue et de la civilisation.