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Vendredi 18 avril 2025 Vendredi Saint Jeûne et abstinence de viande « Gloire à toi qui étais mort ! » « Et nous qui espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël ! » (Lc 24, 21) Pour l’avoir suivi depuis deux ou trois ans, les disciples de Jésus avaient reconnu qu’il était le messie attendu, mais ils n’étaient pas entrés pour autant dans la logique de la Passion, et au jour de l’Ascension encore, ils attendront de Jésus le rétablissement du royaume d’Israël (Ac 1, 6). Vingt siècles plus tard, il nous reste à admettre que la victoire de Jésus soit celle de l’amour, et non pas celle de la force : Je me suis vidé de ma propre gloire, je suis descendu du ciel, j’ai pris sur moi toutes les misères humaines, et en fin finale je suis mort, et de la mort de la croix. Et pourquoi tout cela ? C’est peut-être pour souffrir, et par ce moyen sauver les hommes ? Ou peut-être l’ai-je fait par mon choix ? Oh non, pardonnez-moi : la seule cause pour laquelle j’ai fait tout ce que j’ai fait, a été pour me soumettre à la volonté de mon Père qui était telle. Et pour montrer que ce n’est pas par mon choix, il faut que vous sachiez que si la volonté de mon Père eût été que je fusse mort d’une autre mort que celle de la croix, ou bien que j’eusse vécu dans les délices, je m’y serais trouvé tout aussi prêt que je l’ai été, parce que je n’étais pas venu en ce monde pour faire ma volonté, mais celle de mon Père qui m’a envoyé. Saint François de Sales, Sermon du 6 juin 1617 Faire la volonté de son Père, et en cela même lui demeurer uni, voilà la seule véritable explication à la croix de Jésus. Et nous comprendrons demain pourquoi il en est mort. Mais pour aujourd’hui et pour ce qui dépend de lui, Au sommet de l’amour, il y a l’amour qui n’aime absolument plus rien, si ce n’est le bon plaisir du bien-aimé, et qui, saintement indifférent à tout le reste, s’abandonne tout entier à Dieu pour souffrir ou pour jouir, pour vivre ou pour mourir, pour être quelque chose ou pour n’être rien. C’est de ce troisième ciel qu’est parti Jésus-Christ. En effet, que dit-il en faisant son entrée dans le monde ? « Me voici, je viens pour faire votre volonté. » Quoi pourtant ! ne vient-il pas prêcher, travailler, souffrir, mourir, vaincre l’enfer, fonder l’Église et sauver le monde par sa croix ? Mais s’il veut tout cela, c’est que telle est l’éternelle volonté de son Père. C’est cette volonté seule qui le touche et le décide. Voyant tout le reste, c’est elle seule pourtant qu’il regarde ; c’est d’elle seule qu’il parle, et d’elle seule qu’il prétend dépendre. Principe, fin, raison, lumière, appui, demeure, aliment, récompense, cette volonté divine lui est tout. Il s’y pose donc, il s’y réduit, il s’y enferme ; et faisant plus tard tant de choses, des choses si relevées, si inouïes, si surhumaines, il ne fera jamais que cette chose très simple, en laquelle nos petits enfants sont capables de l’imiter : il fera la volonté du Père céleste, il s’y livrera sans réserve et y vivra tout abandonné. Charles Gay, De la vie et des vertus chrétiennes
L´Auteur : François de Sales (Saint, 1567-1622) Évêque modèle de la contre-réforme catholique, fondateur de la Visitation avec Jeanne de Chantal, saint François de Sales fut d'abord un maître spirituel aussi profond dans son enseignement "grand public" (Introduction à la Vie dévote et correspondance) que dans son Traité de l'Amour de Dieu, analyse magistrale de l'ensemble de la vie intérieure. Gay (Charles, 1815-1892) Figure exemplaire du retour à l'Église catholique des grandes familles bourgeoises après la Révolution française, Charles Gay sera évêque auxiliaire de Poitiers à côté du cardinal Pie. Très lié au renouveau de la vie consacré du XIXe siècle, ses conférences et ses lettres montrent un profond pédagogue de la vie intérieure. ![]() |