Lundi 15 septembre 2025

Notre Dame des Douleurs

Les douleurs de Marie

Il nous faut remarquer que Notre-Dame était debout au pied de la croix. En quoi certes ont grand tort ceux qui pensent qu'elle fut tellement frappée de douleur qu'elle en demeura pâmée ; car sans doute cela n'est point, mais elle demeura ferme et constante, bien que son affliction fut la plus grande que jamais femme ait ressenti pour la mort de son enfant, parce qu'il ne s'en est jamais trouvé qui ait eu autant d'amour qu'elle en avait pour Notre-Seigneur, non seulement parce qu'il était son Dieu, mais aussi parce qu'il était son Fils très cher et très aimable.

Grande fut la constance de la très sainte Vierge et du bien-aimé disciple ; c'est pourquoi celui-ci fut favorisé du don que sa bonté lui fit de sa très sainte Mère, Mère la plus aimable qu'il soit possible d'imaginer. Cette vertu de constance et générosité d'esprit a toujours été grandement chérie de Notre-Seigneur au-dessus de beaucoup d’autres.

L'amour de Notre-Dame était vraiment plus fort et plus tendre qu'il ne se peut dire, et par conséquent sa douleur plus véhémente que toute autre en la mort et Passion de Jésus-Christ ; mais comme cet amour était selon l'esprit, conduit et gouverné par la raison, il ne produisit point de mouvement déréglé en l'affliction qu'elle ressentit, se voyant privée de son Fils qui lui causait une consolation incomparable.

Elle demeura donc, cette très glorieuse Mère, ferme, constante et parfaitement soumise au bon plaisir de Dieu, qui avait décrété que Notre-Seigneur mourrait pour le salut et rédemption des hommes.

Saint François de Sales, Sermon du Vendredi saint 17 avril 1620

MÉDITATION

Marie, nous dit toute la Tradition, fut avec Jésus la créature humaine la plus sensible qui ait jamais été ; dès lors, nous pourrions penser que les épreuves de son Fils auraient dû l’écraser. Mais Marie fut aussi avec Jésus la créature la plus raisonnable qui ait jamais été, à l’abri du désordre des passions, et dès lors capable de vivre toute chose en pleine conscience et liberté.

Un saint François de Sales nous dirait que si Marie fut préservée par grâce des douleurs de l’enfantement lors de la naissance de Jésus, c’est parce qu’elle devait connaître celles de notre enfantement à la vie éternelle sur la croix, comme Siméon le lui annoncera au lendemain de Noël.

Parmi les sentiments de Marie, il y a cette douleur de nos refus de Jésus, de son amour, de la vie et du bonheur qu’il est venu nous apporter, douleur proportionnée à l’affection qu’elle lui porte et qu’elle nous porte.

L´Auteur :

Saint François de Sales (1567-1622)

De vieille noblesse savoyarde, Saint François commença par étudier chez les jésuites à Paris, puis à Padoue, avant d’entrer dans les ordres. Évêque de Genève-Annecy, après avoir ramené au catholicisme le Nord de la Savoie, ses talents multiples en font le conseiller des princes et du pape, le directeur spirituel d’Angélique Arnaud et de Jeanne de Chantal, l’auteur de l’Introduction à la vie dévote, l’un des best-sellers de la littérature mondiale, le fondateur de la Visitation : sur tous les terrains, il est le modèle des pasteurs réformateurs dans l’esprit du Concile de Trente.