Mercredi 24 décembre 2025

Créés pour la vie divine

La prière de ce jour :

Seigneur Jésus, que ta venue réconforte et relève ceux qui ont foi dans ton amour !

Nous avons été créés pour jouir de la compagnie divine dans un merveilleux jardin, et la faute d’Adam et Ève nous a laissés dans la tristesse, la peur et l’abattement : pourquoi vivre, puisque de toute façon nous allons mourir ?

En effet, notre premier père fut établi habitant du paradis, maître de la terre, désigné pour être un jour le citoyen de la Jérusalem céleste, constitué familier du Seigneur ; et il fut enrichi de l’amour et de la connaissance de ce maître adorable, appelé à partager le sort des anges, frère et cohéritier des vertus célestes : il n’éprouvait aucun besoin, ne ressentait aucun chagrin, tout ce que la nécessité réclamait, tout, même ce que souhaitait une sage volonté, il l’avait sous la main, car il n’avait rien à redouter en son âme, ni rien en le corps qui le fît rougir. Voilà l'honneur, telle était la dignité de l'homme de prospérer et de s'épanouir dans les biens qu'il avait reçus, et c'était là le don de Dieu.

Mais dans cette position d'honneur, l'homme ne comprit pas ce qu'il était de lui-même, c'est-à-dire boue, poussière, feuille aride, paille desséchée, vase fragile d'argile, peau de cadavre. Mais enivré de ce comble de gloire, il s'enfla et perdit complètement la raison. Et à l'instant, il éprouva en lui, ce que saint Paul dira bien longtemps après : « Si quelqu’un pense être quelque chose alors qu’il n’est rien, il se fait illusion sur lui-même » (Ga 6, 3). Malheur à cet infortuné, parce qu'alors, il ne se trouva personne pour lui dire : « Pourquoi t'enorgueillis-tu, toi qui n'es que terre et cendre ? » (Si 10, 9)

« Dans sa folie, l’homme ne savait plus rien, mais était devenu comme une bête de somme » (Ps 72, 23), et c’est dans cet état lamentable que Dieu vient le retrouver, entre l’âne et le bœuf. Et si le merveilleux jardin est désormais plein de ronces, la compagnie divine nous est rendue, et avec elle la vie et la joie de vivre :

Car Jésus, qui est doux lorsqu’il parle, doux dans son visage, doux en son nom, doux en ses œuvres, et il se montrera plus doux encore quand sa divinité se fera voir. Il est vraiment doux dans sa voix, celui de la bouche de qui sortent le lait et le miel. « la grâce, en effet, a été répandue sur ses lèvres (Ps 44, 3.) » Vraiment doux en son visage, car il est le plus beau des enfants des hommes, et vraiment doux en son nom, nom consacré de toute éternité, annoncé par l’ange, et « il n’y a point d’autre nom en lequel on puisse obtenir d’être sauvé (Ac 4, 12) ». Jésus est doux en ses œuvres, dans les miracles qu’il a opérés, dans la conversion des pécheurs, dans le sacrement de sa mort précieuse : c'est en ce mystère, en effet, que la charité a plus éclaté, que la piété a brillé davantage, que la grâce a jeté de plus étincelantes lueurs.

Pseudo-Bernard,
Sermon sur l’excellence du Très-Saint-Sacrement

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