Samedi 8 novembre 2025

Marie réellement mère de Jésus

Le Verbe a assumé la descendance d’Abraham, et « ainsi devait-il en toute chose être assimilé à ses frères1 » et recevoir un corps semblable au nôtre. C’est pourquoi Marie est véritablement indispensable pour qu’il le reçoive d’elle et puisse l’offrir pour nous. C’est ce qu’annonçait le prophète Isaïe en disant : « Voici la vierge…2 » Gabriel lui fut envoyé, non pas comme à une vierge seulement, mais comme à « une vierge donnée en mariage à un homme3 », pour indiquer par ce mariage la réalité humaine de Marie. Et l’Écriture évoque son enfantement en disant : « elle l’emmaillota4 », et déclare bienheureuses les mamelles qui l’ont allaité5, et mentionne encore l’offrande du sacrifice prévu pour un premier-né6. Tout cela indique l’enfantement par une vierge. Et Gabriel le lui avait annoncé en des termes soigneusement choisis, ne disant pas simplement : « ce qui va naître en toi », pour que l’on ne pense pas à un corps introduit en elle tout en étant étranger à elle ; mais : « de toi7 », pour que ce qui allait naître d’elle soit reconnu comme provenant bien d’elle.

Il s’agissait en tout cela que le Verbe reçoive tout ce qui nous est propre et l’offre en sacrifice, qu’il l’assume et nous revête en retour de ce qui lui est propre, faisant dire à l’Apôtre : « Il faut que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité8. » Cela n’a pas eu lieu fictivement, mais le Sauveur s’étant fait homme en vérité, il en résulte le salut de l’homme tout entier. Non, notre salut n’est pas imaginaire, et il n’est pas salut du corps seulement : il est salut de tout l’homme, âme et corps en vérité, et c’est le Verbe lui-même qui est venu nous sauver.

1. He 2, 16-17           4. Lc 2, 7              7. Lc 1, 35

2. Is 7, 14                  5. Lc 11, 27          8. I Co 15, 53

3. Lc 1, 27                 6. Lc 2, 23

Saint Athanase (298-373), Lettre à Épictète

MÉDITATION

Toujours le réalisme de l’Incarnation : de siècle en siècle, l’Église y insiste, tant nous peinons à ne pas repousser Dieu dans un au-delà impossible à rejoindre. Toutes les hérésies, en réalité, portent sur l’Incarnation, car depuis le péché originel, nous n’osons plus croire à la vie commune entre Dieu et l’homme. Ce fut le combat d’Athanase, il reste le nôtre si nous voulons une vie chrétienne qui ne soit pas un « supplé­ment » à notre humanité, mais bien son fondement.

« Il s’agissait que le Verbe reçoive tout ce qui nous est propre » : rien de ce qui fait notre vie est indigne du Christ ou n’intéresse pas le Christ.

« Il s’agissait que le Verbe nous revête de ce qui lui est propre » : rien de ce qui fait que le Christ est Dieu ne saurait nous désintéresser, car en se faisant homme, il n’est plus Dieu que pour nous diviniser.

L´Auteur :

Athanase (Saint, 298-373) 

Originaire des environs d’Alexandrie, en Égypte, dont il deviendra évêque en 328, Athanase sera le grand défenseur de la foi du Concile de Nicée (325), contre Arius, qui minimisait la divinité du Christ. Sa forte personnalité et l’opposition de la cour de Constantinople lui vaudront de partir cinq fois en exil. Il est vénéré comme l’un des quatre docteurs de l’Église d’Orient.