Dimanche 29 juin 2025

Solennité de saint Pierre et saint Paul

Apôtres

De la foi à la vision de Dieu

Tu désires voir Dieu ? Commence par l’écouter, car l’écoute prépare à la vision. Alors, écoute et mets à tes oreilles les boucles de nos enseignements, afin que par l’obéissance de cette écoute, tu parviennes à la gloire de la vision dans l’au-delà. Nous, c’est à tes oreilles que nous donnerons la joie et l’allégresse, car il ne nous appartient pas de les donner à tes yeux, ce qui serait la plénitude de la joie et l’accomplissement de ton désir : cela est réservé à Celui qu’aime ton âme. C’est Lui qui se montrera lui-même à toi et te remplira d’allégresse par son visage pour que ta joie soit parfaite. En attendant, accepte de notre main les boucles de ces enseignements pour ta consolation ; mais d’en jouir sans fin, c’est de sa main droite que cela dépend.

Nous parlons là de quelque chose de divin, et qui reste complètement inconnu à ceux qui ne l’ont pas expérimenté. Il s’agit de la contemplation de la pure vérité alors que nous demeurons encore dans ce corps mortel et que nous sommes dans les conditions de la foi, sans que soit encore découverte la substance de ce qui au-delà sera mis en pleine lumière : à certains moments, cette contemplation est ébauchée en nous, au moins en partie, de telle sorte qu’il est possible à certains d’entre nous à qui cela est donné d’en-haut, d’emprunter à saint Paul ces paroles : « Ici-bas, je connais en partie » ; et encore : « En partie nous connaissons, et en partie nous en restons aux prophéties. »

Saint Bernard (1090-1153), Sermon 41 sur le Cantique des Cantiques

MEDITATION

Tu désires voir Dieu ? Ce désir a été inscrit par Dieu lui-même au cœur de l’homme en le créant à son image. Cependant, voir Dieu, c’est-à-dire jouir de sa présence en plénitude, est réservé pour l’au-delà. Mais une ébauche de cette connaissance nous est donnée ici-bas par la raison d’une part, capable de lire dans la création les traces du Créateur, et par la foi d’autre part, qui lit dans l’Écriture Sainte et dans la Tradition de l’Église la Révélation que Dieu nous fait de lui-même.

La foi n’invente pas Dieu, ne le devine pas, mais le reçoit dans cette Révélation : Nous parlons là de quelque chose de divin, et qui reste complètement inconnu à ceux qui ne l’ont pas expérimenté. Cette expérience, c’est celle des saints ; vivant de la vie même de Dieu, leur intelligence comprend les choses comme Dieu les comprend, et leur volonté agit de la volonté même de Dieu. En cela, ils nous le révèlent en même temps qu’ils l’accueillent.

Commence par écouter ! Que cette attitude soit la nôtre, attitude de ceux qui savent que Dieu parle, attitude d’Abraham, d’Isaac, de Jacob et de tous les acteurs de l’Histoire Sainte.

L´Auteur :

Bernard (Saint, 1090-1153)

Né en 1090 dans une noble et nombreuse famille bourguignonne, après avoir fréquenté l’école canoniale de Châtillon-sur-Seine où il aura reçu une excellente culture classique, Bernard entre au monastère de Cîteaux en 1112, accompagné d’une trentaine de ses cousins. Fondée en 1098 par Robert de Molesme, cette première abbaye « cistercienne » s’est détachée de Cluny pour vivre de plus près les observances de la règle de saint Benoît : face à la magnificence de Cluny, Cîteaux recherche une vie simple, une architecture sobre et une prière plus intérieure. Bientôt abbé de Clairvaux, fondation de Cîteaux à côté de Bar-sur-Aube, Bernard sera en fait le vrai propagateur de ce renouveau monastique. Le succès en est énorme, et notamment les cinq frères de Bernard le rejoignent à Clairvaux, qui sera à l’origine de 341 filiales à la mort de Bernard en 1153 ! En même temps que rénovateur de la vie monastique, Bernard, « le dernier des Pères de l’Église », dit-on parfois, aura une importance considérable dans la littérature occidentale : ses sermons sur le Cantique des cantiques, associant les commentaires des Pères grecs aux thèmes courtois des troubadours de son époque, fondent pour les siècles suivants une nouvelle façon de parler de l’expérience de Dieu. Par ailleurs prédicateur populaire, conseiller des rois et des papes, arbitre des conflits de son époque, Bernard fut un personnage immense, comparable à un saint Augustin pour son influence sur le cours de l’histoire de l’Église.